Parcourir l’espace pauvre dans l’univers romanesque du xviiie siècle : « vie errante, vie souffrante » ? - Université Paris Lumières Access content directly
Journal Articles Annales de Janua : Actes des journées d'études Year : 2020

Parcourir l’espace pauvre dans l’univers romanesque du xviiie siècle : « vie errante, vie souffrante » ?

Abstract

We shall define here the economic expectations associated with the displacement of the poor, essentially related to vital requirements, as well as its modalities and the concrete logistical organization of the space in which they travel. In other words, we will examine how the characters take the road, live on the road and think of the road. The wandering (or errancy) is consubstantial with the life of the picaros, these characters coming from the Spanish tradition who leave their towns in the hope of finding a better future but also due to their own laziness and a taste for freedom. For other characters, poverty can motivate travel on a temporary basis, whether it is to settle in a better location, to visit a family member or to collect an inheritance. But for the rich who have fallen into destitution and the penniless nobility, it is rather an obstacle hindering the start or continuation of that journey. Along the way, the poor traveler will have to resort to various means of livelihood, such as begging, working or selling personal belongings, bringing about some quaint, picturesque stories. This first obstacle overcome, they will have to face the traditional pitfalls (thieves, storms, and shipwrecks) which are multiplied by the authors to comply with the requirements of novel-writing. Means of transport and places visited draw a geography of poverty, rich in lessons learnt. The road as it is conceived in novels, with its joys and its sorrows, thus presents us with an interesting reflection of the poor’s journey, even though the mirror can appear distorted from its very base because of the novelistic codes and the readers’ expectations. And this huge number of novels holds another point of interest: thanks to the many concrete notations, a canvas of mental representations takes shape, woven from moral and sexual prejudice, far from the ideals of the Enlightenment. The novels of the eighteenth century do not only provide a travel guide of sorts for the poor, they also draw up a map of the mindsets of the time.
Il s’agira de définir les attentes économiques associées aux déplacements des pauvres, essentiellement liés à des impératifs vitaux, ainsi que les modalités et l’organisation logistique concrète de l’espace parcouru, autrement dit d’examiner comment les personnages prennent la route, vivent sur la route et pensent la route. L’itinérance est consubstantielle à la vie des picaros, ces personnages issus de la tradition espagnole qui partent pour assurer leur avenir mais aussi par paresse et goût de la liberté. Chez les autres, la pauvreté motive ponctuellement le voyage, que celui-ci ait pour visée de s’établir dans un endroit plus propice, d’aller quérir un membre de la famille ou encore de recueillir un héritage. Mais pour les anciens riches et les nobles désargentés, elle constitue plutôt un obstacle à l’entreprise ou la poursuite d’un voyage. En chemin, le voyageur pauvre devra recourir à des moyens de subsistance variés, source de pittoresque, tels que mendier, travailler ou vendre des effets personnels. Ce premier obstacle surmonté, il aura encore à affronter les embûches traditionnelles (voleurs, tempêtes, naufrages), multipliées par les auteurs suivant les exigences du romanesque. Moyens de transport et lieux visités dessinent ainsi une géographie de la pauvreté, riche en enseignements. La route telle qu’on la conçoit dans le roman, avec ses joies et ses peines, offre donc un reflet intéressant des voyages de pauvres, même si le miroir apparaît déformé à la base par les codes romanesques et les attentes du lecteur. Mais là ne s’arrête pas l’intérêt de cette masse de romans : à travers le fourmillement de notations concrètes, se forme une toile des schémas mentaux, tissée de présupposés moraux et sexuels, éloignés des idéaux des Lumières. Les romans du xviiie siècle ne fournissent pas qu’une sorte de guide de voyage du pauvre, ils tracent en outre une carte des mentalités.
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hal-02986735 , version 1 (14-04-2021)

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  • HAL Id : hal-02986735 , version 1

Cite

Marianne Albertan-Coppola. Parcourir l’espace pauvre dans l’univers romanesque du xviiie siècle : « vie errante, vie souffrante » ?. Annales de Janua : Actes des journées d'études, 2020, « Prendre la route » : les raisons du voyage, de l’Antiquité à nos jours. Axe 3 : Tribulations des voyageurs, 8. ⟨hal-02986735⟩

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